Histoire d’un gâchis culturel, touristique et social

La fermeture programmée du musée des fours à chaux
Histoire d’un gâchis culturel, touristique et social
18/04/2017

 

• La première tentative de fermeture du musée date de fin 2009

Ce n’est pas la première fois que le Département veut fermer le musée des fours à chaux, créé rappelons le après une expropriation d’utilité publique pour organiser un pôle touristique. La première tentative date de la fin 2009 et l’association Regnéville Maritime, qui venait de se créer, avait lancé avec succès une pétition contre cette fermeture annoncée : plus de 1 800 signatures avaient été recueillies et le Président du Conseil Général, Jean-François Legrand, avait finalement renoncé.

« Depuis quelques semaines, la population se pose des questions sur les bruits qui courent d’une prochaine fermeture du musée du Rey. Quelle solution sera retenue ? La fermeture concernera-elle le seul bâtiment ou tout le site ? Que deviendront les objets ? Le musée serait sur la liste rouge du conseil général qui avait annoncé vouloir «se débarrasser de certains sites et musées qui lui appartiennent. Le critère des biens à exclure serait la lourdeur de leurs frais de fonctionnement au regard de leur fréquentation. »
Extrait d’un article de la Manche libre, 2009

 

• Une issue positive qui prend la forme d’un projet collectif de développement local sur le site du château et d’un partenariat Département, mairie et associations locales

Comme l’ont rappelé, lors la réunion publique du 13 février dernier, Messieurs Olivier Beck (ancien conseiller général) et Daniel Cariou (ancien Maire de Regnéville) qui étaient alors en charge de ce dossier, il avait été demandé à la mairie et à la population d’apporter la preuve que les sites du musée et du château étaient en capacité d’être porteurs d’une réelle attractivité touristique.

« Agissez, organisez des animations, montrez-nous que Regnéville possède une réelle attractivité, un vrai potentiel, et nous envisagerons ensemble l’évolution de nos sites ».
Extrait de propos tenus, début 2010, par Monsieur Olivier Beck lors d’une réunion publique à la salle des mariages de Regnéville.

Pour lutter contre la fragilisation de ces deux sites patrimoniaux, la mairie et l’association Regnéville Maritime ont dès lors lancé un projet ambitieux d’animations sur la saison d’été. Les marchés d’été organisés par la mairie et les expositions et spectacles vivants ont très vite connu un franc succès ; ils ont corrélativement contribué à faire découvrir la cour et les salles du château médiéval à un public élargi de visiteurs mais aussi aux nombreux habitants du canton.
Parallèlement, à partir de l’été 2010 le musée des fours à chaux a mis en place dans la grande salle de l’aile Nord, positionnée selon les termes du Conseil Départemental « comme l’espace d’exposition externe du musée », une exposition permanente présentant le patrimoine naturel et historique du site (1). Ces expositions qui accueillaient d’avril à fin septembre plus de 6 000 visiteurs, valorisaient les collections du musée départemental implanté un kilomètre plus haut.

 

• La construction d’une « forte dynamique partenariale »

Et au total, grâce à ce partenariat entre le département, la mairie et les associations locales (2) depuis près d’une dizaine d’années, les sites musée des fours à chaux et château de Regnéville ont offert au public un riche programme d’animations et aussi concouru à mieux faire connaître les deux sites.

« Un château à tire d’aile » dépliant d’informations de 8 pages sur ces animations estivales au château et ses alentours, construit et distribué chaque année (10 000 exemplaires) par les membres de l’association Regnéville Maritime y a parallèlement concouru : il est désormais très attendu et recherché par les habitants et le tourisme familial qui caractérise notre région.

Selon les termes utilisés par le département dans un document interne de novembre 2015 :
« L’important programme d’animation culturelle porté par les associations locales (exposition d’artistes locaux, apéro-concerts, spectacles de musique et de théâtre, cinéma en plein air,…) par la commune (marché du terroir) et par le département (exposition et animations patrimoniales) drainent 8 à 12 000 participants par saison. ..
Le lieu est désormais fortement identifié par les habitants et les touristes comme un espace d’animation incontournable de la côte ouest de la Manche. »

Le Nouveau Guide vert Michelin qui vient de paraître sur le littoral de la Manche est de cet avis puisqu’il décerne une étoile au village et une autre à « son passionnant musée ».

 

• La rupture de la dynamique liée à la non concertation sur l’évolution des sites

Au fil des années les agents du musée, les bénévoles des associations intervenant au château, les agents de l’office de tourisme et la mairie ont développé leurs collaborations, notamment en terme de communication sur les animations culturelles conduites sur les deux sites, mais aussi en terme de montage d’animations communes (à titre d’exemple la promenade spectacle nocturne intitulée « d’eau et de feu » co-organisée en 2016 entre le musée et le château).

A l’automne 2016, notre association était conviée par le département à participer à une journée de réflexion intitulée « Pour une réflexion conjointe en matière culturelle, quelles nouvelles coopérations » (3). Comment comprendre que ce souhait de bonne dynamique partenariale soit brutalement mis à mal, quelques mois plus tard.
En effet, alors que le début d’année 2017 devait (dans le cadre de la signature d’un nouvel AOT quinquennal sur le château de Regnéville) donner lieu à une réflexion plus globale sur ce partenariat local, Regnéville Maritime et la mairie ont découvert par des voies externes que le Département, propriétaire des lieux, avait décidé de ne pas ré-ouvrir au public le musée maritime et de la chaux et supprimait les postes des trois agents territoriaux qui géraient jusque là les sites du musée et du château de Regnéville. Les collections, dont une large partie avait été donnée par les Regnévillais, devaient être transférées sur d’autres sites.

Cette double décision de suppression du personnel sur le site de Regnéville et de fermeture du musée, dont aucun acteur local n’avait jusque là eu connaissance, nous a malheureusement été confirmée par les services du CD. Nous avons dès lors conduit une multitude de démarches et d’actions pour essayer de nous y opposer mais aussi recherché des solutions à court et moyen terme afin d’éviter la fragilisation des deux sites patrimoniaux.

Car, concrètement, le départ des agents départementaux engendre :

Sur le site des fours à chaux :

Outre la fermeture du musée et de ses deux salles d’exposition :

  • la suppression du programme d’animations culturelles conduites sur le site des fours à chaux (ateliers sur les pratiques de la chaux : fresque, enduits…, après-midi découverte pour les enfants, démonstrations de cuisson de la chaux, visites guidées thématiques…).
  • La suppression du spectacle de cirque toujours très apprécié organisé habituellement sur trois jours à la mi-juillet.
  • Et aussi une fragilisation du site des fours à chaux dont l’accès devrait devenir libre.

Sur le site du château :

  • La suppression de l’exposition permanente du musée et de son gardiennage.
  • La suppression de l’entretien du monument et des ses alentours.
  • Et en conséquence, la suppression de l’accès au château dès les premiers WE du printemps et jusqu’à l’automne (l’ouverture de ses portes n’étant désormais assurée que par les seuls partenaires locaux (mairie et associations) dans le cadre des animations d’été qu’ils continueraient d’y conduire). En effet, après sept années de partenariat qui avaient permis d’avril à fin septembre l’ouverture de la cour du château aux habitants et aux visiteurs de passage ce dernier comme auparavant refermera de nouveau ses portes.

Selon les termes de l’ancien conservateur des musées du département de la Manche, Monsieur Gohel :
«  Le musée de Regnéville-sur-mer est à la fois unique et original : sur ses deux espaces d’exposition il retrace l’histoire singulière du bornage et du cabotage sur les côtes de la manche.
Il présente :

  •  Une corderie artisanale (seul exemplaire en France),
  • Une collection sur le cabotage (archéologie, construction navale, ethnographie), une très importante collection de maquettes ,
  • Les vestiges archéologiques d’une grande goélette de cabotage (Honfleur 1854, seul vestige conservé en France de ce type de navire),
  • Le seul gréement  complet d’une goélette de cabotage antérieur à la première guerre mondiale.et qui a servi de modèles pour la voilerie de l’Hermione.
  • Une maquette du caboteur Kleber (par un marin de Regnéville) célèbre fait d’armes de la Première guerre mondiale,
  • Et enfin, le seul canot chausiais encore existant.

 

• Depuis trois mois de multiples actions ont été conduites

Pour essayer d’enrayer ces décisions et leurs conséquences néfastes en matière de tourisme mais aussi de développement culturel et économique local, nous avons depuis trois mois conduit toute une série d’actions :

  1. Création d’une pétition intitulée « Non à la fermeture du musée de Regnéville-sur-mer » qui a actuellement recueilli plus de 3 500 signatures (4) et de nombreux commentaires sur l’intérêt et la beauté du site ;
  2. Organisation d’une Réunion Publique qui a réuni 200 personnes le 13 février dernier ;
  3. Multiples communications de nos inquiétudes et propositions aux médias par l’intermédiaire de la presse locale mais aussi par interviews (vidéo sur les sites replay de Sea fm et FR3).
  4. Elaboration d’un contre projet pour animer et développer les sites patrimoniaux sur 2017 et sur les cinq années à venir (cliquez ici pour le découvrir).
  5. Réunions avec les différents élus et service du département en charge de ce dossier et notamment rencontre avec Monsieur Philippe Bas pour lui en faire part et lui transmettre la liste des signataires des pétitions et leurs très riches commentaires.

Quelques commentaires des 2 800 signataires de la pétition sur internet (5) :
« Porter atteinte au patrimoine culturel c’est nier notre histoire et notre identité… »
« Je refuse la perte de la mémoire collective d’un lieu chargé d’histoire et d’intérêt touristique. »
« Nous possédons une maison de vacances à Regnéville… Nous recevons de nombreux amis auxquels nous ne manquons pas de faire visiter le musée du château et celui des fours à chaux. Tous sont très intéressés et découvrent ainsi la richesse du patrimoine culturel. Fermer ces deux musées serait entraîner la mort du tourisme non seulement à Regnéville mais aussi dans le canton. »
« J’aime cet endroit, ce musée et pense qu’il contribue à l’attrait touristique de notre territoire ».

Pourquoi nous continuons de nous opposer aux projets qui sont proposés

Depuis sa création l’association a largement démontré qu’elle était force de proposition et non d’opposition en matière culturelle, mais nous ne pouvons que ressentir actuellement le sentiment de ne pas être écoutés ni entendus.

 

• Une succession de projets « nouvel élan » qui masquent des fermetures et des désengagements

Durant les deux derniers mois, suite à ces différentes actions conduites pour la plupart en large concertation avec les élus régnévillais (notamment en ce qui concerne les rencontres avec les élus et services départements en charge du patrimoine et du tourisme), les services du département ont été amenés à communiquer sur leur nouveau projet de développement du site des fours à chaux et différentes « nouvelles versions » ont été diffusées par voie de communiqués de presse en faisant état de large concertation avec les élus et l’association Regnéville Maritime.
Or nous constatons avec regret que ces rencontres n’ont donné lieu à aucun échange concerté sur le devenir du site. Aucun ordre du jour ni compte rendu de réunions n’ont ponctué ces rencontres ce qui a permis aux services du département de modifier au fil des mois les affirmations techniques et organisationnelles qui y avaient été présentées verbalement.

A titre d’exemples :

  • le parcours piétonnier réclamé depuis longtemps entre le château et le musée pour mieux rendre visible ce dernier et renforcer le nombre de ses visiteurs est passé d‘une réalisation pour l’été 2017 à une réalisation 2018 voire 2019 (ce qui renforce notre sentiment que le département n’est pas si préoccupé par la stagnation voire la diminution du nombre de visiteurs du musée).
  • Le transfert des Å“uvres du musée maritime, dans la salle de l’aile nord du château, jugé début février impraticable du fait de leur fort risque de dégradation lié notamment au degré élevé d’humidité de cette salle, devient la solution pérenne envisagée pour le musée d’ici trois ans (laissant à la commune ou à la communauté de communes la charge des travaux de restauration nécessaires pour l’accueil du musée).

En fait, malgré une communication très positive sur la non fermeture et  « le nouvel élan » donné au site des fours à chaux, le département maintient sa position de fermeture à plus ou moins court terme du musée et surtout il se désengage de l’avenir du musée et de la gestion de l’ensemble du site du château.

Les nouvelles propositions faites pour assurer l’ouverture du musée maritime en 2017 (en réponse aux attentes manifestées par la population et les élus) sont très insatisfaisantes :

  • Malgré les critiques tenues par le département (pour légitimer la fermeture du musée) sur l’obsolescence de sa muséographie et la diminution ou la stagnation du nombre de visiteurs, les services ne font aucune proposition positive pour apporter des améliorations (aucun retour sur celles que nous avions présentées dans notre projet);
  • Par ailleurs c’est un musée tronqué qui resterait ouvert puisqu’ils diminuent de moitié la surface d’exposition en supprimant l’accès à la salle d’exposition du premier étage dite musée de la chaux ;
  • Cette ouverture tronquée d’un musée désormais gratuit n’apporte pas de solution pérenne (trois ans d’ouverture maximum du musée sur le site des fours à chaux programmé par le conseil départemental) ;
  • Et surtout elle crée une charge supplémentaire, à la fois humaine et financière, aux élus de la commune de Regnéville-sur-mer qui deviennent désormais (s’ils acceptent la proposition du nouvel AOT musée) en charge de la gestion, du gardiennage, et plus globalement du bon fonctionnement du musée maritime.
  • Enfin, nous sommes très inquiets sur le devenir des collections de l’écomusée, à la fois pour leur présentation et leur conservation.

En résumé ce qui n’est pas vraiment mentionné dans ces différentes moutures et ce qui nous préoccupe vraiment dans les réponses apportées par le département ce sont :

 

• Que les raisons évoquées pour légitimer la fermeture et le départ des agents du site ne sont pas justifiées :

En effet le site du musée, qui accueillait entre 8 000 et 10 000 personnes par année et était géré à l’économie (6), était loin d’être le plus mal classé des sites des musées départementaux (cout de fonctionnement/nombre de visiteurs).  D’autre part, la fermeture de ce musée a été selon les écrits du département décidée en février 2016, bien avant les limitations budgétaires mises en avant pour la légitimer.

Le département ne désire pas œuvrer pour réactualiser la muséographie des salles qu’il juge obsolète car en fait il souhaite réutiliser l’ensemble de ces bâtiments pour une autre affectation liée à son nouveau projet de création d’une nouvelle résidence départementale d’artistes sur le site des fours à chaux.

 

• La fermeture de la salle d’exposition sur la chaux et son industrialisation est pénalisante à double titre

En ne laissant ouvert à la visite que l’espace musée maritime du rez-de-chaussée on pénalise la compréhension globale du musée car les deux espaces du musée (l’écomusée de la chaux (7) et le musée maritime) s’articulaient autour de l’industrialisation et du commerce maritime.
D’autre part, proposer de remplacer les maquettes et outils présentés dans cette salle par des panneaux externes d’interprétation pose question : sur le plan pédagogique et visuel il semble difficile d’espérer que des panneaux externes décrivant le travail et l’industrialisation de la chaux puissent remplacer positivement les maquettes de sites de fours à chaux.

 

• Un projet de résidence d’artistes à la fois contraignant et inabouti.

Le projet de création d’une résidence d’artiste aux fours à chaux n’est en soi pas une mauvaise idée, le seul problème est que le département envisage de la créer dans les locaux autrefois utilisés par les agents et surtout sur les espaces d’accueil et d’expositions du musée.

A titre d’indication, le coût et la faisabilité technique de la transformation des espaces d’expositions en salle de travail d’artistes n’ont pas été évoqués lors des rencontres dites de concertation.

 

• En confiant à la mairie de Regnéville de nouvelles charges à la fois financières et gestionnaires sur le musée et le château

En effet, face à l’opposition manifestée le département ne parle plus de fermeture du musée maritime et propose une solution d’ouverture à minima de l’ancien musée maritime dont la gestion serait désormais confiée à la mairie et sur une durée de trois ans maximum.
Le département ayant validé début avril le départ des agents territoriaux qui assuraient la gestion et l’entretien des sites, reporte des charges nouvelles sur les élus de la commune. Pour éviter la fermeture du musée, la mairie se voit contrainte d’accepter.

 

• Une absence de communication sur la fermeture des sites et sur la future diminution de leur durée d’ouverture

En ce début de vacances de printemps, force est de constater qu’aucune information (à la fois ni sur les lieux ni par internet sur les sites de communication des offices de tourismes département), n’est faite pour avertir les touristes et visiteurs des sites patrimoniaux (musée et château) que ces derniers, contrairement aux autres années, n’ont pas ré-ouvert leur portes au 1er avril et seront sans doute fermés jusqu’à l’été. D’ores et déjà, on est assuré que l’année 2017 sera une année de diminution des visites de ces deux lieux fort appréciés (cf. les commentaires faits sur le site de la pétition).

Plus globalement, comme nous l’avons signalé ci-dessus le désengagement des services du département aura de facto pour conséquence que les accès à ces sites seront plus limités qu’auparavant (l’absence d’exposition permanente dans l’aile nord signifie une cour de château fermée jusqu’aux animations de la saison d’été).

 

• En conclusion … Quel gâchis

Il aurait été si simple, comme l’avait suggéré le département lors de sa journée de réflexion de l’automne dernier, de convier les différents acteurs locaux (élus et associations locales) à la construction d’un projet de développement culturel à moyen terme, où chaque partie aurait apporté ses idées et pris ses responsabilités pour œuvrer au bon développement des sites patrimoniaux et maritimes.
Encore aurait-il fallu que les instances élus et les services techniques du conseil département acceptent de travailler avec les acteurs locaux sur la construction d’un projet culturel partagé.
La création d’une dynamique locale a toujours un aspect mystérieux et chaleureux (pourquoi la mayonnaise prend ?) et sa fin vient souvent de la condescendance et de l’incompréhension de décideurs trop éloignés du terrain.

 


 

1 « Aspects d’un estuaire » de 2010 à 2013 et « Les moissons de la mer » 2013-2016

2 Dans le cadre d’une convention d’autorisation temporaire quinquennale entre la mairie et le département

3 Séminaire organisé par le Conseil Départemental de la Manche le 9 septembre 2016

4 Dont 2800 sur change.org accompagnées, dans plus d’un tiers des cas, de riches commentaires

5 L’ensemble de ces commentaires ont été transmis le 6 mars à Monsieur Philippe Bas.

6 Aucun travaux de modernisation des deux espaces d’expositions du musée n’y ont été conduits depuis trente ans a indiqué l’ancien conservateur des musées de la manche lors de la réunion publique du 13 février 2017

7 Dans leur communiqué de presse du 14 mars 2017 qui dénonce la fermeture du musée des fours à chaux le groupe EELV de Coutances indique que cet écomusée est le seul du centre manche